L’alt-right américaine chassée d’Internet

Les géants américains d'internet se joignent progressivement à la mobilisation contre les suprémacistes blancs et les groupes néo-nazis aux Etats-Unis après les violences survenues au cours du week-end lors d'un rassemblement de l'extrême droite américaine à Charlottesville, en Virginie.

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A leur tour, les réseaux sociaux Twitter et LinkedIn, le serveur musical Spotify et le spécialiste de la sécurité en ligne CloudFare ont interrompu mercredi leurs services aux groupes jugés haineux ou supprimé leurs contenus.

Depuis le début de la semaine déjà, Facebook, Alphabet et GoDaddy avaient pris des mesures similaires. Si ces entreprises s'emploient déjà à limiter la communication de groupes violents comme l'Etat islamique, notamment en raison des pressions des autorités, la plupart d'entre elles s'efforçaient jusqu'à présent de ne pas se prononcer sur les contenus propagés par leurs utilisateurs tant qu'ils étaient légaux.

CloudFare, que certains jugent pourtant peu regardant quant aux quelques six millions de sites qu'il protège des attaques informatiques, a annoncé mercredi qu'il cessait de fournir ses services au site néo-nazi Daily Stormer. "Je me suis réveillé de mauvaise humeur ce matin et j'ai décidé de les expulser d'internet", a écrit le fondateur et directeur général de CloudFare, Matthew Prince, dans un courriel à ses employés.

Daily Stormer a été l'un des organisateurs du rassemblement de Charlottesville, où une contre-manifestante a été tuée par un automobiliste soupçonné de sympathies nazies. Le site n'est plus accessible que de manière intermittente ces derniers jours, depuis que les fournisseurs de domaines GoDaddy et Google Domains, filiale d'Alphabet, ont annoncé qu'ils cessaient de lui fournir leurs services.

Twitter a pour sa part suspendu mercredi les comptes liés à Daily Stormer. Le réseau a dit qu'il ne s'exprimerait pas sur les cas particuliers mais au moins trois comptes liés à Daily Stormer renvoyaient vers des pages affichant "compte suspendu".

Risques

Facebook a supprimé ces derniers jours plusieurs pages, aussi bien sur Facebook que sur Instagram, associées selon lui à des discours ou des groupes haineux. Il a aussi supprimé la page utilisée pour l'organisation et la promotion du rassemblement "Unite the Right" de Charlottesville.

"En raison de la possibilité de nouveaux rassemblements, nous suivons la situation de manière attentive et supprimerons les menaces de préjudice physique", a écrit mercredi le patron de Facebook, Mark Zuckerberg.

Facebook a dit avoir aussi supprimé les comptes de Chris Cantwell, qui se définit lui-même comme un nationaliste blanc et a fait état sur son site internet de sa présence au rassemblement de Charlottesville. Son compte YouTube semblait aussi avoir été fermé.

Le réseau professionnel LinkedIn, filiale de Microsoft, a suspendu une page consacrée à Daily Stormer et une autre page appartenant à un homme lié à ce site, Andrew Auernheimer. LinkedIn a refusé de s'exprimer sur le sujet.

Reddit, qui revendique plus de 250 millions d'utilisateurs, a pour sa part supprimé l'un des forums de discussions ayant soutenu le rassemblement "Unite the Right", en disant qu'il écarterait tous ses utilisateurs incitant à la violence.

Spotify, basé en Suède, a annoncé qu'il était en train d'enlever de son catalogue tous les morceaux de musique dont l'organisation Southern Poverty Law Center considère qu'ils contribuent à la propagation de thèses racistes.

Pour le patron de CloudFare, cette mobilisation comporte néanmoins des risques. Matthew Prince pense notamment qu'il sera de plus en difficile de résister aux pressions des autorités en matière de censure.

"Il n'y a pas besoin de jouer beaucoup à ce jeu pour voir à quel point il va être risqué", a-t-il dit. Seules les plus grandes entreprises pourront naviguer entre les différentes législations nationales, a-t-il prédit. "Nous avons perdu une grande partie du combat pour un internet libre et ouvert."

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